Chapitre XVI, Chambres de bonne, 6 Mademoiselle Crespi
samedi, mars 7 2020, 23:42 Lien permanent
« Elle est couchée dans son lit, sous une couverture de laine grise. Elle rêve : un croque-mort aux yeux brillants de haine se tient en face d’elle, debout, sur le pas de la porte ; de sa main droite à demi levée il présente un bristol bordé de noir. »
Le perecomaniaque attentif aura reconnu dans ces deux phrases le tableau-contrainte de ce chapitre :
Le rêve de sainte Ursule (faisant partie des Histoires de la vie de sainte Ursule)
par Vittore Carpaccio, 1495
musée de l’Académie, Venise
• • •
La seconde contrainte picturale, astucieusement dénommée contrainte “peinture”, imposait d’évoquer ici de la gouache, de l’aquarelle ; elle n’a pas été respectée par l’auteur de la VME. La peinturlure n’est cependant pas absente de ce très court chapitre, un peintre tout à fait étranger à la contrainte “tableaux” semble l’avoir envahi. Qu’on en juge :
« au-delà de la porte, s’étend un paysage alpestre : un lac dont le disque, entouré de forêts, est gelé et couvert de neiges ».
Cette description colle tout à fait à une toile de Caspar David Friedrich, La grande réserve :
La grande réserve
par Caspar David Friedrich, 1832
• • •
« derrière sa rive la plus éloignée les plans inclinés des montagnes semblent se rencontrer et au-delà des pics couverts de neige s’étagent dans le bleu du ciel ».
Friedrich, là encore :
Matin dans les montagnes
par Caspar David Friedrich, 1822-1823
• • •
« Au premier plan, trois personnes gravissent un sentier menant à un cimetière ».
Friedrich, toujours !
Le matin de Pâques
par Caspar David Friedrich, 1830-1835
L’entrée du cimetière
par Caspar David Friedrich, 1825
• • •
« au centre duquel une colonne surmontée d’une vasque d’onyx jaillit d’un massif de lauriers et d’aucubas ».
Friedrich forever !
Le tombeau de Gerhard von Kügelgen
par Caspar David Friedrich, 1822